Culture et Nature
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Maintenir l’interdiction de la chasse au renard : lettre au Ministre de l’Environnement

Selon nos informations, une partie des chasseurs luxembourgeois plaide en faveur de la suppression ou de l’annulation de l’interdiction de la chasse au renard (voir la question correspondante au dernier Conseil Supérieur de la Chasse du 22.12.2023).

Selon le Mouvement Ecologique, cette interdiction doit être maintenue sans condition, car il n’y a tout simplement pas d’arguments techniquement fondés pour chasser à nouveau ce prédateur. Il est vrai que les renards, en tant qu’opportunistes, ont rapidement découvert que l’homme met à disposition des sources de nourriture dans ses villages et ses villes, qu’il s’agisse de déchets, de nourriture pour chats… Il est donc logique que le proverbial renard rusé s’installe volontiers à la périphérie et dans les agglomérations humaines et y mène, comme beaucoup d’autres espèces, une vie assez facile grâce à l’abondance des sources de nourriture. D’autant plus que la chasse a toujours été interdite dans les zones urbaines. Comme la chasse est également interdite en extérieur depuis 2015, il ne faut pas s’étonner que les renards aient en partie perdu leur timidité et se laissent voir plus souvent.

En conclure à une pullulation de renards, comme le prétendent les chasseurs, est faux et repose sur un simple changement de comportement des renards. Il n’existe pas de recensement scientifique des populations qui prouverait une augmentation depuis l’interdiction de la chasse : on a malheureusement omis de commander des enquêtes correspondantes avant et après l’interdiction de la chasse au renard.

La chasse au renard a d’ailleurs été interdite le 1ᵉʳ avril 2015 sur la base d’études scientifiques fondées sur des preuves.
Mais ce qui est important, c’est que la plus grande partie des proies du renard sont des petits mammifères, surtout des souris. Ce prédateur joue donc un rôle très important dans la limitation des dommages causés à l’agriculture et à la sylviculture. Le renard doit donc être protégé en tant qu’élément de la pyramide alimentaire, au même titre que tous les autres régulateurs (p. ex. les martres et le loup).

Mais ce qui est important, c’est que la plus grande partie des proies du renard sont des petits mammifères, notamment des souris. Ce prédateur joue donc un rôle très important dans la limitation des dégâts causés à l’agriculture et à la sylviculture. Le renard doit donc être protégé en tant que partie de la pyramide alimentaire, au même titre que tous les autres régulateurs (p. ex. les martres et le loup).
Il est notamment et en particulier juste de souligner que l’interdiction de la chasse au renard n’a pas conduit à une augmentation du ténia du renard, mais au contraire : la contamination des renards par ce redoutable parasite a fortement diminué depuis. Alors qu’en 2014, 29 % des renards étaient encore atteints d’échinococcose, ils ne sont plus que 13,8 % en 2022, selon l’administration vétérinaire.

Infection des renards par l’échinococcose

htps://www.researchgate.net/publication/319975551_Echinococcus_multilocularis_management_  by_fox_culling_An_inappropriate_paradigm

1990 : 5,1 %

2001-2005 : 21,6 %

2006-2013 : 2014 25,9%

Jusqu’en 2013, cette contamination a évolué presque parallèlement à l’évolution dans les pays voisins.
Depuis l’interdiction de la chasse en 2015, on constate une baisse constante de la contamination au Luxembourg. Ce constat coïncide également avec toutes les études scientifiques sur l’influence de la chasse sur le renard. La chasse détruit la structure sociale des populations de renards et le comportement territorial de l’espèce : un renard mâle dominant défend un territoire avec 2-4 femelles, dont généralement 1 seule est saillie. En cas de chasse intensive, toutes les femelles survivantes sont saillies, ce qui augmente la proportion de jeunes renards dans la population survivante. Comme ces jeunes sont plus vulnérables à l’infection et migrent vers les territoires vides, la propagation du ténia du renard s’intensifie. En France voisine, où la chasse au renard est intensive, le taux de contamination des renards est plus de deux fois plus élevé qu’au Grand-Duché.
Certes, on observe ces derniers temps une augmentation des renards atteints de gale, mais cela ne constitue pas non plus un argument pour autoriser à nouveau la chasse, entre autres pour les raisons mentionnées ci-dessus. D’autant plus que la gale ne constitue pas un problème pour l’homme.

Cette fraction de chasseurs, qui réclame à nouveau une chasse au renard, ferait mieux de renforcer la chasse aux ongulés sauvages (cerfs, sangliers, chevreuils et espèces réintroduites illégalement comme le muffle, le daim) qui prolifèrent. Le fait que des épidémies sévissent également chez ces espèces (p. ex. la peste porcine africaine, la maladie de la langue bleue et la tuberculose du cerf) et que l’abroutissement de la régénération naturelle des forêts constituent les véritables problèmes ne semble pas encore être bien compris dans ces milieux. L’argument selon lequel le renard représente une menace pour la biodiversité et surtout pour les oiseaux nichant au sol est ridicule au vu de l’explosion des populations de sangliers.
Dans les périodes précédentes, la chasse systématique du renard et le gazage des terriers n’ont pu éradiquer ni la rage du gibier ni le renard. Elles ont au contraire conduit à la destruction de la régulation naturelle des populations ainsi qu’à l’éradication quasi totale du blaireau indigène.
La campagne de vaccination contre la rage dans les années 80 a d’abord fait augmenter les populations de renards, car cette maladie a disparu en tant que cause de mortalité, mais à partir de l’an 2000, les populations ont de nouveau filé.
D’un point de vue scientifique, l’interdiction de la chasse n’a pas d’effets négatifs et doit donc absolument être maintenue.

Conclusion :
La chasse au renard doit être strictement rejetée pour des raisons scientifiques ainsi que pour des raisons de protection des animaux !
L’abattage de renards ne présente aucun avantage d’un point de vue écologique, ni aucun autre avantage pour la société (comme par exemple l’utilisation comme nourriture ou fourrure). La chasse au renard sert uniquement au plaisir d’une certaine fraction de chasseurs.
Les décisions, comme celles concernant la chasse au renard, devraient, comme le passé nous l’a montré, se baser exclusivement sur des faits scientifiquement prouvés et ne pas être le jouet du lobbying de cercles déterminés !

 

 

 

19/02/2024