Faire de la transformation socio-écologique une priorité politique

La CSL, le LCGB, l’OGBL et le Mouvement Ecologique constatent que la transformation socio-écologique, un des plus grands défis de notre époque, n’est malheureusement pas une priorité politique au Luxembourg jusqu’à présent. Le manque central de la politique énergétique et climatique luxembourgeoise, également d’un point de vue social, peut être décrit comme suit :
- Dans la pratique, les mesures d’encouragement existantes passent souvent à côté des personnes à faibles revenus – que ce soit en raison d’un manque de fonds propres, de conditions de location ou de restrictions architecturales.
- Parallèlement, il manque des programmes ciblés à bas seuil pour soutenir ces ménages de manière systématique et efficace.
Les personnes à faible revenu ne font justement pas partie des principaux responsables de la crise environnementale et climatique – au contraire – elles souffrent particulièrement de la crise climatique et de la biodiversité. Selon les calculs du STATEC sur le pouvoir d’achat des ménages et la précarité énergétique, les dépenses en énergie représentent une part nettement plus importante du budget de ces ménages à faibles revenus.
Il en résulte un mandat politique clair : la politique doit aujourd’hui prendre des décisions qui responsabilisent de manière ciblée les groupes de population qui contribuent de manière disproportionnée à la crise climatique. Des directives, des réglementations et des limites claires sont ici indispensables.
La protection du climat ne doit cependant pas conduire à une division sociale, mais être utilisée comme une opportunité pour plus de justice.
Avec une nouvelle impulsion, l’UE a déjà fait un pas important vers une transition énergétique socialement équitable : Tous les États membres sont invités à élaborer un « Plan social pour le climat » (PSC) d’ici 2025. Un premier projet de « Plan social pour le climat » a été présenté à Luxembourg du 25 mars au 30 avril dans le cadre d’une procédure de consultation publique.
La Chambre des salariés (CSL), l’OGBL, le LCGB et le Mouvement Ecologique ont saisi cette occasion pour remettre une prise de position commune de 21 pages. Ensemble, ils sont fermement convaincus que la justice écologique et la justice sociale sont indissociables. Le gouvernement actuel doit faire nettement plus d’efforts pour faire avancer une politique climatique socialement équitable. Dans ce contexte, le PSC doit servir d’élément central pour l’élaboration rapide d’une stratégie nationale globale de transition socio-écologique.
La CSL, l’OGBL, le LCGB et le Mouvement Ecologique présentent des propositions d’amélioration concrètes et centrales, tant en ce qui concerne le PSC lui-même que pour une stratégie sociale climatique plus large :
- Des moyens financiers suffisants doivent être mis à disposition pour la transition socio-écologique, bien au-delà de ce qui est prévu par l’UE.
- L’élaboration d’un PSC doit se baser sur des faits : Il s’agit d’analyser la situation actuelle des ménages et de définir des groupes cibles. Quels ménages sont déjà concernés par la transition et dans quelle mesure ? Dans quelles conditions vivent-ils (par ex. isolation des maisons, part des coûts énergétiques dans le revenu) ? Quels ménages et combien de personnes doivent pouvoir bénéficier des programmes ? Quelle doit être la contribution à la réduction des émissions de CO₂ ? De tels scénarios et calculs doivent servir de base à la priorisation et à la hiérarchisation des mesures. Pour l’élaboration d’une stratégie globale, les acteurs concernés – notamment les prestataires de services sociaux et le STATEC – devraient définir ensemble quelles données supplémentaires sont nécessaires pour une analyse rapide basée sur des faits.
- Le plan social climatique devrait s’inscrire dans une stratégie globale de transition socio-écologique et répondre aux critères suivants :
- une hiérarchie claire des mesures ;
- une évaluation de l’efficacité des instruments existants afin que puisse identifier et éliminer les obstacles à la mise en œuvre ;
- une hiérarchisation claire des actions les plus importantes.
Il reste indispensable d’atténuer efficacement les effets fortement régressifs de la fiscalité environnementale par des mesures sociales compensatoires ciblées. L’objectif doit être d’atténuer les effets sur les ménages particulièrement vulnérables et de les protéger contre la précarité énergétique. C’est la seule façon de permettre une transition juste, socialement acceptable et écologique.
Il convient donc de renforcer le crédit d’impôt CO2jusqu’à ce que la perte de recettes fiscales due à ces compensations corresponde à au moins 50 % des recettes fiscales liées au CO₂.
Compte tenu des nombreux changements récents en Europe qui laissent présager de nouvelles augmentations du prix de la tonne de CO2, la CSL, l’OGBL, le LCGB et le Mouvement Ecologique demandent en outre au gouvernement de procéder à une analyse complète des effets régressifs de cette évolution des prix sur le pouvoir d’achat des ménages vulnérables.
Traduit par deepl