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« Peut-être devrions-nous d’abord balayer devant notre propre porte … »

La réaction du Mouvement Écologique suite aux déclarations faites par le Premier ministre Xavier Bettel dans le cadre de son discours prononcé à l’occasion du Jour de la Fête Nationale.

 

 

 

 

 

 

Le Mouvement Écologique salue expressément le fait que le Premier ministre Xavier Bettel ait explicitement fait référence aux thèmes de la protection du climat et du développement durable lors de son discours prononcé à l’occasion de la Fête Nationale.

 

Ceci étant, il échait néanmoins de remarquer que si l’on analyse ses dires de plus près, l’image positive que l’on a pu gagner de prime abord, se relativise.

 

Dans son discours, le Premier ministre Xavier Bettel dépeint le Luxembourg comme pays modèle – quasiment précurseur – lorsqu’il s’agit de questions climatiques et de protection de l’environnement, et il qualifie de « plus grand challenge pour le Luxembourg » le fait de devoir motiver et persuader les pays plutôt réticents à cet égard, de suivre l’exemple (du Luxembourg) (*) !

Xavier Bettel véhicule ainsi une image complètement faussée de l’évolution actuelle et semble ignorer la véritable responsabilité qu’il endosse au niveau luxembourgeois !

Au Luxembourg, les émissions de CO2 ont en fait augmenté au cours de la dernière année, et n’ont pas pu être réduites. Le Luxembourg détient le triste record européen en matière d’émissions de CO2 par habitant.

Aussi, le Luxembourg est l’un des pays les plus fragmentés et mités de l’UE ! La perte de biodiversité est dramatique et s’avère plus qu’inquiétante ! Avec e.a. l’essor permanent dans le secteur du bâtiment, une régulation toujours insatisfaisante pour ce qui est de l’emploi de pesticides… tout continue à aller dans la mauvaise direction !

À l’heure actuelle, le gouvernement mise sur les implantations d’entreprises à grande consommation d’eau au Luxembourg, alors qu’il est clair que, dans 10 à 20 ans, même avec un besoin moins fort en eau, nous rencontrerons d’importants problèmes en termes d’approvisionnement en eau.

Qu’on se le dise : le Luxembourg atteint le dit « Overshoot Day » – c’est-à-dire le jour où un pays a utilisé plus de ressources qu’il n’a droit de consommer sur cette planète – déjà le 16 février ! Seul le Qatar nous dépasse puisqu’il atteint cette « fameuse journée » déjà le 11 février. Dans ce ranking, nous sommes suivis par les Émirats arabes unis (8 mars) et le Koweït (11 mars). En Allemagne et en France, le « Overshoot Day » est également atteint beaucoup trop tôt, mais toujours plus tard qu’au Luxembourg (3 mai, respectivement 14 mai). C’est tout simplement honteux pour notre pays !

Nous pourrions aisément continuer à dresser cette liste ! Les indicateurs sont largement en défaveur du Luxembourg qui est tout sauf un « élève » modèle, bien au contraire !

Bon nombre de scientifiques sérieux soutiennent par ailleurs que le principe d’une constante croissance économique est incompatible avec le développement durable ! Et pourtant, le Luxembourg continue à miser sur et à poursuivre cet objectif, tout en acceptant toutes les conséquences dévastatrices que nous connaissons et tout en étant conscient que la croissance économique en soi n’améliore aucunement le bien-être. Et nul ne semble vouloir faire le moindre effort en vue d’explorer les moyens et les possibilités pour rendre le Luxembourg moins dépendant de cette pression de croître.

Aussi, les instruments importants qui sont de nature à améliorer la situation sont malheureusement peu utilisés jusqu’à présent. Ne citons que les suivants : transposer une réforme fiscale réellement durable, avoir le courage à vraiment réduire l’emploi de pesticides, etc.

 

Alors, pour en conclure Monsieur Bettel: Merci d’avoir thématisé le développement durable. Néanmoins, plus d’honnêteté – et des actions ambitieuses au niveau luxembourgeois – sont un must ! A l’heure actuelle, le Luxembourg est un exemple plutôt pitoyable pour les autres pays !

Mouvement Écologique asbl.
24 juin 2019

 

(*) « “Nous pouvons dès lors – en toute confiance – prendre l’avenir en main et continuer sur la voie engagée.

Néanmoins, ceci ne vaut pas pour un certain domaine spécifique. Quand il s’agit de l’avenir de notre planète, nous devons remettre notre position en question. »

Les jeunes qui sont descendus dans les rues pour manifester ces derniers mois, ont entièrement raison d’attirer l’attention sur le fait que le changement climatique est LE véritable grand défi de notre époque. Ce n’est pas juste une sonnette d’alarme que nous pouvons faire taire en poussant le bon bouton, ce qui nous permet de nous remettre à dormir sur nos deux oreilles. 

 L’alarme qui retentit à l’heure actuelle a une origine bien précise et nous sommes sollicités d’agir.  Le gouvernement prend ces choses très aux sérieux et le Luxembourg appartient à ces pays qui déploient d’énormes efforts et qui font preuve d’une grande ambition lorsqu’il s’agit de réduire les émissions nocives.

Mais surtout, nous devons renforcer notre engagement sur le plan international – et tirer la sonnette d’alarme également à ce niveau. La crise globale ne peut être combattue que globalement, et le Luxembourg a toujours été et continuera à être l’une de ces voix qui réclament – haut et fort – une position nettement plus ambitieuse à cet égard. Ensemble avec nos partenaires européens, nous devons maintenir la pression, voire même l’accentuer, ceci dans le but de motiver aussi les pays qui se montrent bien plus réticents en matière de changement climatique. »