Santé et Alimentation
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Effets du glyphosate sur la santé : Le tribunal saisi par une action en justice – Urgence d’une réduction de l’emploi des pesticices !

Au Luxembourg, le dossier « pesticides » en est toujours au stade de tragi-comédie! Des années durant, la conception d’un plan d’action autour des pesticides fut traitée avec légèreté et négligence. Etant enfin sur la table (sans parler du retard qu’il accuse, les délais prescrits par l’UE ayant été largement dépassés), voilà que ce plan accuse des lacunes considérables.

Hormis quelques légers progrès en matière de protection des eaux au niveau du ministère du Développement durable, le plan d’action ne paraît guère qu’il fasse l’objet d’une énergie et d’un effort dynamiques visant une transposition concrète et rigoureuse.

La seule et unique lueur d’espoir réside dans le fait qu’à l’échelle européenne, le Luxembourg se soit opposé à une nouvelle prolongation de l’autorisation du glyphosate.

La nécessité d’agir s’annonce de plus en plus évidente, comme en témoigne le récent cas spectaculaire, aux Etats-Unis, d’un concierge qui est atteint d’un cancer. Monsanto doit dédommager cette personne à raison de 289 millions de dollars (env. 250 millions d’euros) parce qu’elle était contrainte d’utiliser des produits toxiques dans le cadre de son travail et que les risques pour la santé humaine étaient  passés sous silence par Monsanto. A noter que quelque 4000 (!) autres plaintes de victimes du glyphosate sont pendantes devant la justice américaine.

Selon un reportage de RTL, au Luxembourg aussi, le cas d’une personne atteinte d’un cancer – et qui a porté plainte car elle-aussi était contrainte d’employer régulièrement le glyphosate – s’inscrit dans ce développement.

Dans ce contexte précis, le Mouvement Ecologique s’attend à ce que la justice fasse son travail et entame la procédure judiciaire qui s’impose, et à ce que l’autorité publique admette le cas échéant sa faute et son inconduite.

Bien au-delà de ce qui précède, l’ensemble des partis politiques doivent enfin annoncer la couleur et concrétiser leur engagement théorique pour une réduction de l’emploi des pesticides! Dans cet ordre d’idées, une analyse des actuels risques de santé liés aux produits phytopharmaceutiques  s’impose d’urgence, aussi au Luxembourg.

Par conséquent, le Mouvement Ecologique exige fermement:

  • qu’une étude épidémiologique sur la contamination humaine liée aux pesticides soit menée par le Ministère de la Santé (e.a. mesure 5-1 du plan d’action). Déjà en date du 8 février dernier, le Mouvement Ecologique avait adressé une telle demande aux ministères compétents, qui est restée sans réponse à ce jour. Un besoin d’éclaircissement est pourtant manifeste: comment s’explique notamment le fait que le nombre de certaines maladies constatées dans le secteur agricole augmente ? Il est important de noter ici qu’en France p.ex. l’apparition croissante de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs a fait qu’elle est reconnue comme maladie professionnelle liée à l’utilisation de pesticides! Au-delà, il est nécessaire de surveiller de plus près la pollution aux pesticides des cours d’eaux et de l’environnement en général, et de renforcer l’analyse, mais aussi la publication de résultats d’analyses déjà faites sur les résidus dans les aliments ;
  • que la stratégie de sortie (exit) du cadre d’emploi de produits phytopharmaceutiques – annoncée dans le plan d’action – soit développée et transposée de façon rigoureuse (mesure 8-5). Entretemps, la dessiccation chimique (notamment avant la récolte des pommes de terre) au moyen du glyphosate et d’autres herbicides, continue malheureusement à être la pratique courante au Luxembourg … ;
  • qu’une interdiction de vente de pesticides aux personnes privées soit décidée et mise en œuvre à court terme;
  • qu’un monitoring des objectifs de réduction de l’emploi de pesticides soit réalisé, et qu’un rapport régulier soit fait sur les phases de réalisation du plan d’action « pesticides »: quelles réductions ont pu être atteintes en 2018 au Luxembourg? Quel est l’état de transposition des différents instruments listés dans le plan d’action?;
  • que des statistiques plus détaillées sur l’épandage de produits pesticides dans le secteur agricole (mesure 6-2 du plan d’action) soient publiées, incluant l’horticulture et la viticulture ainsi que les produits phytosanitaires utilisés dans le traitement des semences;
  • que l’interdiction du glyphosate sur les surfaces qui appartiennent aux autorités publiques (Etat, communes, fabriques d’églises etc.) soit aussi applicable aux structures comme le « Fonds du Kirchberg », … respectivement que l’interdiction du glyphosate sur des propriétés communales, étatiques ou institutionnelles soit ancrée dans de nouveaux contrats de fermage conclus avec les locataires de ces mêmes terres.