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Atteindre les objectifs du Luxembourg en matière de protection du climat : Mettre fin aux déclarations enjolivées !

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Hier, le ministère de l’Environnement a publié le bilan des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2021, comme l’exige la loi.

A cette occasion, le ministère de l’Environnement a annoncé que les objectifs climatiques du Luxembourg, tels que définis dans le règlement d’exécution de la loi sur la protection du climat, ont été atteints pour l’année 2021. Mais le diable se cache dans les détails…

Même si la quantité totale des émissions luxembourgeoises en 2021 était inférieure à l’objectif fixé (de très peu, 1,3%), les émissions dans les secteurs centraux n’ont pas diminué au Luxembourg, mais ont augmenté ! Citation tirée du communiqué de presse :

Pour les secteurs  » transports  » et  » agriculture et sylviculture « , les allocations d’émissions de l’année 2021 sont respectées, alors que pour les secteurs  » industries de l’énergie et manufacturières, construction « ,  » bâtiments résidentiels et tertiaires  » et  » traitement des déchets et des eaux usées elles ont été dépassées ».

Il est vrai qu’en raison de la pandémie de Covid 19, il fallait s’attendre à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2020. Mais 2021 était encore en partie une année COVID ! Le fait que la baisse ait été très faible dans certains secteurs et l’augmentation dans d’autres est donc un problème.

Ainsi, dans le secteur des transports, la réduction des émissions n’est que de 6,8 %. Le premier trimestre 2021 en particulier a été fortement dominé par les effets de la pandémie et la situation des transports au Luxembourg a été marquée par le travail à domicile, le chômage partiel ou les mesures de quarantaine selon les secteurs. On peut supposer que sans ces effets, la réduction globale de -1,3 % n’aurait pas été atteinte.

Il est en outre totalement insatisfaisant de constater que dans la majorité des secteurs, les émissions n’ont pas été réduites, mais ont au contraire augmenté. On sait qu’il n’y a plus qu’une courte fenêtre d’opportunité pour agir si l’on veut éviter les pires conséquences. Et le Luxembourg se « paie le luxe » de voir la tendance s’accentuer dans des secteurs clés de la société comme le « traitement des déchets et des eaux usées » ainsi que les « industries de l’énergie et manufacturières, construction » et les « bâtiments résidentiels et tertiaires ». Pour ces deux derniers secteurs en particulier, il n’est pas possible de parler d’une tendance positive, puisque dans le secteur des bâtiments résidentiels et tertiaires, les émissions sont supérieures de 10,8 % à la valeur cible. La situation est encore plus flagrante dans le secteur de l’industrie, où les émissions en 2021 sont supérieures de 35 % ( !) aux réductions visées. La tendance dans ces secteurs va donc absolument dans la mauvaise direction.

En fait, une conférence de presse avec le ministre d’État aurait été la bienvenue, avec un message clair : « Au Luxembourg, les émissions dans les secteurs cruciaux sont hors de contrôle ! Nous devons procéder à des corrections fondamentales ». Et cela impliquerait, entre autres, outre une réforme fiscale durable conséquente, l’arrêt direct des subventions nuisibles à l’environnement, une remise en question de l’obligation de croissance.

Mais il n’en a rien été… Au lieu de cela, le gouvernement luxembourgeois publie « en passant » un bilan qui montre qu’il existe des problèmes fondamentaux dans la mise en œuvre de la stratégie de protection du climat, sans les aborder. On attend avec impatience les résultats des discussions sur ce bilan problématique au sein du comité interministériel qui, selon le communiqué de presse, doit maintenant réagir. Il sera également intéressant de voir si des mesures seront décidées pour les secteurs qui n’ont pas atteint leurs objectifs ou si, comme le prévoit la loi, un autre secteur aux résultats satisfaisants prendra le relais.

Le Mouvement Ecologique demande que la « plateforme pour l’action climat et la transition énergétique », qui englobe tous les acteurs de la société, soit saisie des résultats, des causes et des solutions possibles. Ce n’est qu’ainsi que cette plateforme pourra jouer son véritable rôle, en amont de la révision du « Plan national intégré énergie-climat ».

 

Mouvement Ecologique asbl.

16.03.23