Mobilité
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Projet d’extension de l’A3: symbole d’une politique de mobilité erronée et d’une priorisation financière inexistante

… tel était le titre d’une première prise de position du Mouvement Ecologique datant du 21 novembre 2014 sur le sujet de l’extension de l’autoroute A3, déjà en projet à l’époque sous le gouvernement en place.

Le Mouvement Ecologique réitère sa position en défaveur de cette mise à 2×3 voies du tronçon de l’A3 entre la frontière française et la Croix de Gasperich. Du point de vue de la politique des transports, cette extension est un mauvais signal et ne représente aucune solution judicieuse à moyen terme. La construction de nouvelles routes ne fait qu’augmenter le trafic et n’apporte aucune réelle amélioration en termes de mobilité.

Le fait que le nouveau gouvernement essaie de nous « vendre » le vieux projet avec des arguments légèrement adaptés n’y change rien: si auparavant, il se servait d’arguments qui s’inscrivaient dans la ligne de la politique des transports, aujourd’hui les nouveaux arguments reposent sur les techniques de sécurité.

Et même si certains tronçons mériteraient indubitablement d’être réaménagés afin d’y améliorer la sécurité routière: le projet d’extension de l’A3 n’est que la suite de l’échec de la politique de mobilité des dernières années. La décision d’élargir certaines voies de l’A3 est un autre maillon de la chaîne d’une politique qui de toute évidence ne nous mènera nulle part! Au-delà cette décision porte à croire que – malgré des investissements substantiels dans les transports publics – l’extension des infrastructures routières reste néanmoins parallèlement à l’ordre du jour.

Est-ce bien vrai que des problèmes de sécurité routière justifient l’extension qui est en projet? Ce qui est vrai, c’est que les frontaliers qui passent tous les jours la frontière et qui empruntent l’A3 pour se rendre au travail en Ville (de Luxembourg ou alentours) vont être pris dans 3 files de bouchons … au lieu de 2. Même si la route s’avérera (un peu plus) fluide sur les tronçons réaménagés (ce qui restera encore à prouver …), le goulot d’étranglement qui se forme à la fin de l’autoroute n’aura pas disparu et ne fera qu’empirer le problème du trafic! Autre fait: des zones de danger non négligeables se formeront surtout aux points de rétrécissement sur 2 voies. Il en résultera probablement dans une nouvelle phase que les décideurs politiques jugeront nécessaire et indispensable de faire une nouvelle extension et que l’autoroute A6 sera également étendue à 3 voies sur l’ensemble de son parcours. Cette nouvelle extension sera basée sans nul doute sur les mêmes arguments de sécurité et miroitera ce « hidden agenda » qui se cache derrière l’actuel projet … et nous entraînera dans une spirale infernale.

L’étude réalisée sur le tourisme à la pompe a démontré clairement que les désavantages financiers prévalent de loin sur tous les avantages avancés. Et les statistiques récentes démontrent au-delà que les avantages disparaîtront à moyen terme. Pourquoi s’acharner à vouloir agrandir continuellement – pour des raisons de stratégie de niche très douteuses du point de vue de la politique du climat – notre réseau routier national?

Notons aussi que, selon la presse, la coquette somme de 356 millions d’euros serait investie (alors qu’en 2014 on parlait encore de « seulement » 159 millions …). Ne serait-il pas plus judicieux d’investir tout cet argent de manière ciblée, dans une amélioration renforcée des moyens de transports publics, au profit des milliers de frontaliers qui se rendent tous les jours au Luxembourg? Faire les deux à la fois – ce qui est actuellement l’objectif des décideurs politiques – résultera inévitablement dans la perte d’attractivité des transports en commun!

Et finalement, l’enjeu fondamental: Dans quel Luxembourg voulons-nous vivre demain? L’éternelle spirale de la croissance – que ce soit 1 million d’habitants ou un peu moins … ou même 1,1 million, auxquels s’ajoutent le nombre croissant des travailleurs frontaliers –  requerra inéluctablement une continuelle extension des infrastructures. Une extension qui – aux yeux du Mouvement Ecologique – s’avérera tout simplement irréalisable du point de vue organisationnel et pour laquelle toute option durable fait défaut! Quoiqu’il en soit, nous sommes loin de la « croissance qualitative » tant annoncée par le gouvernement …

«Qui sème des routes, récoltera du trafic!» Cela vaut également pour le projet d’extension de l’A3 !