.

Les menaces auxquelles le hérisson doit faire face et les causes de sa disparition progressive

 

Pendant des milliers d’années d’évolution, le hérisson a su faire face à ses prédateurs naturels ainsi qu’au taux de mortalité juvénile élevé durant sa première année. Or, les nouvelles menaces déclenchées par l’homme le laissent sans protection et le rendent vulnérable, hélas !

 

Comment survivre dans le pays le plus fragmenté de l’Europe ?

 

Menace numéro 1 : la voiture ! D’un côté en quête de nourriture et de l’autre à la recherche d’un partenaire, le hérisson part chaque nuit en randonnée. Ce faisant, les mâles ont coutume de courir généralement bien plus loin que les femelles, totalisant à la fin de la nuit souvent plus de 3 kilomètres.

Nolens volens, ce parcours les amène à traverser les routes, car les différents habitats où ils vivent sont devenus si restreints qu’ils ne leur offrent plus assez d’espace pour survivre et pour se reproduire. Nos paysages sont entrecoupés par des chemins asphaltés de manière à obliger le hérisson à traverser la rue non moins de 3 à 4 fois chaque nuit (à noter que le Luxembourg est le pays le plus fragmenté de l’Europe entière).  Il faut savoir que le hérisson court aussi vite qu’il le peut pour traverser la route et il serait faux de croire qu’il se roule en boule devant une voiture puisque ceci constitue un réflexe normal devant tout danger. D’où : freinez et adoptez une vitesse de croisière ajustée et prudente en milieu campagnard et dans la nature … le « Kéisecker » vous le remerciera !

Chaque jour, les hérissons courent ainsi le danger d’être tués par une voiture. Qui ne connaît pas cette image triste et cette vue désolée d’un hérisson victime du trafic routier ; nombreux sont ceux et celles qui d’ailleurs ne connaissent et n’ont vu un hérisson que sous cette forme écrasée, et n’ont jamais eu la chance de découvrir notre « Kéisecker » en pleine nature … et santé !

Le comble est que même cette vue tragique devient de plus en plus rare, cela non parce que les automobilistes – ou voire même les hérissons – afficheraient un comportement plus vigilant … Non, la rareté du hérisson suit la même logique que celle que nous pouvons observer dans le cas des vitres de voitures « collantes » d’insectes.

 

Le hérisson en tant qu’insectivore ne peut plus manger à satiété

 

Face à une perte de 70 à 80 % de la masse d’insectes au cours des 20 dernières années, le hérisson en tant qu’insectivore se retrouve évidemment face à une perte de nourriture conséquente ! Donc, pour se nourrir, il est amené à parcourir des distances de plus en plus importantes, à traverser davantage de routes … avec le résultat que nous connaissons !

La disparition des insectes est une conséquence directe entre autres de l’emploi massif de pesticides : cet emploi entraîne une diminution directe de la source d’alimentation du hérisson et provoque au-delà une accumulation indirecte d’agents nocifs dans son organisme, qui peuvent nuire à sa santé et entraver le potentiel de reproduction du hérisson. En tous les cas, les dommages causés par ces poisons ont pu être établis, à l’instar des effets nocifs bien connus des néonicotinoïdes sur les oiseaux. On suspecte de même que ces substances systémiques sont à la base de dégâts au système nerveux, provoqués lors de la phase embryonnaire chez la femelle en gestation.

 

Nos paysages agricoles sont de plus en plus hostiles aux hérissons !

 

Notre ami au manteau de piquants est un habitant des sites agricoles et vit donc primairement au milieu du paysage ouvert, c.à.d. dans les près, les champs, les vergers, … Voilà pour ce qui est de la théorie, en pratique, nos paysages agricoles sont devenus largement inhabitables pour le hérisson. C’est non seulement l’utilisation de poisons et l’emploi excessif d’engrais qui causent problème, mais également la disparition de parcelles de taille réduite et composées de haies ou de petites jachères. S’y ajoute le fait que, de plus en plus la nuit, les agriculteurs moissonnent les produits destinés à l’ensilage, lorsque le hérisson – animal noctambule – sort de sa cachette pour traverser les parcelles agricoles, une aventure à issue souvent mortelle pour notre ami sympathique.

 

Nos jardins – les derniers refuges pour nos amis aux poils hérissés ?

 

Le jardin a toujours représenté un habitat important pour le hérisson. Les tas de compost aménagés par les amateurs de jardin offraient tout ce dont il avait besoin : nourriture abondante (insectes, vers de terre, …) mais aussi cachettes et sites d’hivernage !

Mais la vie entre nos maisons et immeubles d’habitation s’avère de plus en plus pénible et difficile pour notre ami qui est actif la nuit.

Les pesticides, les jardins à l’apparence stérile, couverts de béton et de graviers, les pelouses de gazon rasées, les friches comblées de constructions, les potagers et vergers en nombre décroissant (et avec eux les insectes, sources de nourriture), sans oublier les clôtures et murs infranchissables … restreignent de plus en plus l’habitat de ce petit animal aux longs piquants. Qui plus est, les trappes et escaliers de caves non sécurisés, les étangs de jardin, les piscines et réservoirs d’eau non couverts constituent un danger important pour le hérisson, qui le plus souvent est incapable de se libérer de ses propres forces de ces pièges.

La lente disparition du « Kéisecker » s’explique donc par des villes et villages de plus en plus artificiels et hostiles, le manque de nourriture et la perte progressive d’habitats, d’abris et de cachettes au fil du temps. Les énormes zones industrielles et commerciales aux gazons préfabriqués en rouleaux et aux aires de stationnement bétonnées, sont représentatives d’un paysage qui est de plus en plus dominé exclusivement par l’homme, laissant peu d’espace de cohabitation et de chance de survie même à notre petit ami sympathique et pourtant peu exigeant.