Développement durable
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Le programme de coalition du nouveau gouvernement vu par le Mouvement Ecologique

C’est avec un grand sentiment de satisfaction que le Mouvement Ecologique constate que l’accord de coalition du nouveau gouvernement désormais en place contient bon nombre de mesures positives qui vont dans le sens d’un développement durable. A noter qu’une ribambelle de propositions avancées par le Mouvement Ecologique en phase pré-électorale se retrouvent dans cet important document gouvernemental, à  commencer par l’adoption du principe du développement durable comme leitmotivpar le nouveau gouvernement, l’introduction de la prise en compte de la durabilité dans le cadre des processus de décisions politiques, la révision fondamentale de la loi sur l’accès à l’information, jusqu’à la mobilisation renforcée des terrains constructibles au sein des périmètres de construction  et de la réforme des finances communales, en passant par l’institution du droit de préemption des pouvoirs publics pour des projets d’envergure publique et une claire orientation dans le sens d’un renforcement des efforts visant l’augmentation de l’efficacité énergétique ou encore la promotion de la protection et de la prévention dans les domaines de la santé et de l’environnement …

Vu sous cet angle, l’accord est source d’espoir … que l’électeur peut effectivement s’attendre à ce que de réels accents rénovateurs soient placés. Quoi qu’il arrive, le Mouvement Ecologique suivra de près la transposition des promesses gouvernementales et ne manquera pas de formuler et d’avancer de son côté des propositions constructives au sujet des différents dossiers.

Et pourtant, les éléments positifs cités ne peuvent pas masquer certains points faibles importants que cet accord véhicule et qui menacent de mettre en cause les bonnes intentions témoignées dans toute une série de domaines politiques.

L’actuel accord de coalition se base sur une croissance économique continue et la prône – très explicitement et à différentes reprises – comme l’objectif premier apte à garantir la consolidation du budget, la sécurisation des emplois ou encore le maintien d’un modèle social rassurant. Certes, le Mouvement Ecologique salue également la croissance économique dans certains secteurs porteurs (et prometteurs) de l’économie nationale (également dans le contexte de la création de « green jobs »), tels la production des formes d’énergies renouvelables, l’assainissement conséquent des bâtiments existants, la promotion des petites et moyennes entreprises, sans oublier la production renforcée de produits d’alimentation indigènes …Mais: élever la constante croissance au rang de prémisse incontournable qui équivaut à un outil de compensation budgétaire et de sécurisation du modèle social relève carrément de l’irresponsabilité!  Vouloir croître sans bornes alors que notre planète présente des limites très évidentes est tout simplement illusoire … et inacceptable d’un point de vue éthique au vu de l’injustice mondiale croissante qui va de pair. A priori, la croissance continue ne contribue pas à résoudre le problème du chômage, elle ne va pas réduire l’écart entre riches et pauvres et elle ne va certainement pas augmenter davantage notre bien-être! Et surtout: la croissance économique soutenue n’est guère conciliable avec l’objectif de préserver  la qualité de vie, la nature et l’environnement, e.a.

Il est vrai que la réalité politique ne présageait point un abandon, à brève échéance, du dogme de la croissance. Et pourtant, le  Mouvement Ecologique s’attendait, à ce que les partenaires de coalition s’adonnent à un exercice de profonde réflexion sur le lien intrinsèque entre le „développement économique et durable“ – dans le sens d’une métamorphose durable de notre société – et, en particulier, à ce qu’ils lancent enfin un débat sur cette situation de dépendance entre croissance économique et maintien du modèle social… C’est la raison pour laquelle le Mouvement Ecologique réitère son appel et invite le gouvernement à mettre une nouvelle fois sur la sellette la capacité du Luxembourg de se tourner vers l’avenir et d’engager enfin le débat incontournable sur le changement de tendance qui fait si cruellement défaut.

C’est probablement à cause de la croissance qui est déclarée prémisse de tout un système qu’il ne faut pas s’étonner que le thème de la protection du climat – bien que ancré dans l’accord – n’est point reconnu à sa juste valeur. Bien que le programme contient un bon nombre de mesures, il est problématique qu’il ne contient pas de mention concrète et tangible quant aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ni au niveau national, ni au niveau européen; que l’on cherche en vain une indication sur une future loi en matière de protection du climat qui est pourtant indispensable …

Au vu de ce qui précède, les déclarations sur la „simplification administrative“ s’avèrent  inquiétantes. S’il est vrai que la politique annonce ne pas toucher aux acquis sociaux et environnementaux, il est vrai aussi qu’elle énonce différentes mesures qui pourraient contrecarrer cet objectif. Le Mouvement Ecologique s’attend néanmoins que le nouveau gouvernement fasse de son leitmotiv, à savoir le développement durable, également le fondement de la future „simplification administrative“.

Pendant la campagne électorale, les nouveaux partis au pouvoir ont explicitement affiché leur volonté d’instaurer la dite „gouvernance“ qui renferme le principe du déploiement de la démocratie et de la participation citoyenne. Nous saluons le fait que l’accord de coalition contient une série de mesures qui vont dans  cette direction, telle l’élaboration de “codes de déontologies” ou encore la révision fondamentale de la loi sur l’accès à l’information. Et pourtant, nous regrettons l’absence d’une véritable reconnaissance d’une culture de la participation moderne et de l’ancrage de la participation citoyenne dans la scène politique quotidienne, surtout en cours de processus décisionnel. Se focaliser à l’avenir davantage sur le referendum (aussi important soit-il) ne peut pas remplacer une véritable participation citoyenne dans la vie de tous les jours.  Les accents forts font malheureusement défaut dans ce dossier et ainsi l’on cherchera également en vain une indication concrète quant à la participation citoyenne dans le cadre de l’élaboration des plans d’aménagement communaux …

En conclusion: l’accord de coalition est une liste de promesses fort saluables, mais un fondement politique qui – du moins en partie – semble problématique. Le Mouvement Ecologique souhaite au nouveaux membres du gouvernement un vif succès dans leur mise en oeuvre de leur propre prétention, d’assurer des accents clairs en faveur du développement durable et d’un avenir porteur du Luxembourg.